Papier vs Digital : rien n’est joué.

Le papier a de beaux jours devant lui, qui l’aurait cru ?

Papier vs Digital : rien n’est joué.

Nous vivons une époque où le numérique est roi. Nous dématérialisons sans cesse, à toute vitesse et dans tous les champs de la vie : livres, documents administratifs, échanges personnels, photographies… tout y passe. Pourtant, si cela a l’air d’aller de soi au quotidien, nous sommes confrontés à un dilemme sans précédent. En effet, l’humanité n’a jamais stocké autant de données qu’au cours des dernières années et leur fragilité n’a jamais été aussi grande. Les données numériques sont fragiles, très fragiles. Elles ne se conservent que si nous les recopions sans cesse, à titre individuel, au prix d’incessantes sauvegardes. À l’échelle d’internet, c’est au prix de copies permanentes de serveurs en serveurs que vos blogs, sites professionnels et vos clouds sont saufs. La recherche a beau chercher le moyen de rendre une donnée numérique pérenne au-delà de quelques décennies, rien n’est joué pour l’instant. Quant à pouvoir lire, dans le futur, les données stockées aujourd’hui, rien n’est moins certain. Quelqu’un a-t-il déjà essayé de relire ses disquettes 3,5 ou 5,25 pouces d’il y a vingt-cinq ou trente ans ? Et ne parlons pas des 8 pouces, qui se souvient de leur existence ? À la stabilité des supports s’ajoute la désespérante obsolescence logicielle, bien orchestrée par les concepteurs.

La longévité des CD ou DVD est surévaluée par les fabricants. Ils avancent parfois cent ans mais nombre de CD sont illisibles au bout de trois à dix ans. Quant format Blu-ray, rien ne permet de dire s’il fera mieux. Les disques durs sont eux aussi très fragiles. Les disques durs conventionnels peuvent survivre une dizaine d’années ou plus mais sont à même de vous claquer entre les doigts au bout de deux ou trois ans. Les SSD (solid-state drive), s’ils ont l’immense avantage d’avoir une fiabilité donnée pour un nombre de cycles d’écriture défini, ne sont pas conçus pour une utilisation et un stockage à long terme.

Les archéologues découvrent encore des documents écrits il y a des centaines ou des milliers d’années. Pour peu que les conditions de stockage, la qualité de l’encre et du support aient été au rendez-vous, ils sont parfaitement lisibles. Les formats digitaux ne sont pas encore aussi performants dans le temps et le jour où nous pourrons transmettre des données numériques à notre descendance n’est pas encore arrivé.

Quant à l’argument fallacieux, relayé par les entreprises et les administrations, qu’un e-mail sauve la planète, il est tout simplement hors de propos. Entre les matières polluantes utilisées dans la fabrication des composants électroniques, les conséquences humaines de leur exploitation, la raréfaction de certaines d’entre elles et la consommation électrique gigantesque, sans cesse croissante, des serveurs informatiques, le bilan écologique penche dangereusement en défaveur du tout numérique.

Non, il n’est pas absurde de conserver des livres, des courriers, des journaux ou des photographies. Dans notre course au plus pratique, nous oublions que ce avec quoi nous vivons quotidiennement sera irrémédiablement perdu pour les générations à venir. La technique avance et nous proposera, qui sait, des supports stables et des moyens de les lire dans l’avenir mais le papier a encore de beaux jours devant lui.

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2 COMMENTS

  1. janvier 17, 2016 17:15 Répondre

    Rien ne remplacera à mes yeux la « magie » d’un livre. Le contact est physique. L’objet nous parle. Nous nous l’approprions. Nous entamons un dialogue. La relation est presque sensuelle avec les ouvrages qui nous tiennent le plus à cœur. L’informatique et ses solutions de stockage, si pratiques au quotidien, s’effacent pourtant sans appel devant la relation intime que nous tissons avec nos lectures de chevets. Le papier porte en lui quelque chose de noble, sans doute l’empreinte de l’Histoire, sublimée par l’invention de Gutenberg. Oui, je demeure persuadé, comme toi, que le livre a encore de très beaux jours devant lui !

    • janvier 18, 2016 06:02 Répondre

      Il est vrai que je n’ai pas abordé les dimensions affective ou symbolique dans ce billet très court. Tu as raison à propos du contact physique, il est primordial dans notre rapport au monde et au savoir.

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