Zakouski

Zakouski est un drôle de mot nous venant de Russie

Zakouski

« Zakouski », un drôle de mot

Un de mes amis, fine gueule et cuisinier hors pair, avait pour habitude de dire qu’il préparait des « zakouski » lorsque nous nous réunissions pour l’apéritif. Généralement, l’un de nous s’exclamait : « les quoi ? Les acousquis ? Les à-coup ski ? »

Eh oui, drôle de mot en effet, comme les nombreux termes empruntés à une langue étrangère. C’est du russe que nous vient ce beau terme mystérieux. Zakouski закуски, dérivé de zakouska закуска, « collation » (on trouvera une étymologie plus détaillée sur le site du cnrtl). Mot pluriel, féminin ou masculin, les « zakouski » ou moins couramment « zakouskis », désignent un ensemble de hors-d’œuvre, de formes et de compositions très variées. On fera entrer sous cette dénomination de nombreux canapés, soupes, koulibiacs, œufs de poisson (dont le caviar), pâtés, salades variées, cornichons malossol, tarama, etc. Accompagnant les alcools, ils sont aussi consommés en Pologne sous le nom de zakąska ou en Arménie. « Zakouski » est probablement arrivé en France au XIXe siècle, comme de nombreux mots russes ou hongrois. C’est ainsi qu’on retrouve les blinis dans un roman humoristique de Jules Verne en 1883, Kéraban-le-Têtu.

« Zakouski » dans les récits de voyage

On imagine assez bien l’exotisme produit par ces mots inconnus sur les lecteurs découvrant de lointaines contrées. La qualité littéraire de ces ouvrages laisse parfois à désirer. En outre, la position de leurs auteurs sur les populations étrangères nous choquerait probablement aujourd’hui. Malgré tout, ces récits sont le témoignage d’une vision sur le monde et d’une histoire des échanges entre l’Europe et le reste du monde. Voici pour l’anecdote un extrait d’un livre de Maxime-Joseph-Marie Sauvage, capitaine dans l’armée française, décédé des suites de ses blessures en 1919.

  • Le Transsibérien, 1904, page 43

« 7° De Baïkal à Irkoutsk (70 kilomètres, 2 heures).

Un groupe d’officiers d’état-major russes nous attendait à la station de Baïkal. Ces messieurs nous invitèrent à monter dans un wagon-salon, où un déjeuner très sibérien était servi :
Zakouski, c’est-à-dire hors-d’œuvre de toutes sortes ;
Sterlet, sorte de truite saumonnée, salade russe ;
Gelinottes rôties aux groseilles et concombres. »

Continuons avec Félix Desmousseaux de Givré dans ses notes de voyage.

  • De Paris en Asie centrale en voyage de vacances, souvenirs et impressions, 1908, page 25

« Au buffet de la gare de ce village, nous nous commandons un menu qui sera composé de zakouski (prix : deux roubles) et d’un filet (o r. 65). Après quelques minutes seulement, ce que nous avons demandé nous est servi, le tout excellent et accompagné de légumes, de thé et d’un nombre très considérable d’eaux-de-vie diverses: C’est bien la première fois de ma vie que je prends du jambon au curaço, du veau à la vodka, et ainsi de suite. Mais c’est la mode russe. Le service est soigné ; la population paraît aimable et douce. »

Un trait d’humour belge et étymologique, un mot sur les « zakouskis » en allant regarder une petite vidéo de la rtbf. Merci, Joëlle Scoriels.

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