Texte réalisé pour Florence Cartoux à l’occasion d’un événement organisé par les Urbains de minuit à Sanremo.
Au fur et à mesure qu’une œuvre naît, chaque étape oblitère des pans du travail précédent, chassant la marque distincte des ébauches et des rouages pour n’en conserver que la toute fin. C’est bien ce résultat qui s’offre au spectateur et non ce qui a mené le créateur jusqu’ici. Dans un jeu de superpositions et de transparences, Florence Cartoux joue à montrer les scories, occulte aussi l’attendu. En une sédimentation organique, elle dépose les figures de son imaginaire dans un jeu translucide de matières. Calque après calque, strate après strate, une image protéiforme se construit, insatisfaction de la mémoire, palimpseste du soi. Comme un Janus, chaque œuvre a deux regards, deux faces à contempler, qui observent le temps dans sa continuité.
Monstres intérieurs, images fantasmagoriques, mythologies déformées et comics grouillants se cachent et se dévoilent selon la distance. Après une lutte tranquille, l’épure gagne sur le foisonnement, la lumière sur le plein. Nous sommes conviés à explorer les plis de l’esprit et la mémoire du corps, feuille à feuille, en argonautes « rhizomaux ».
Emmanuel Desestré
23/03/2015