Un « boustrophédon » n’est pas un animal mythologique. Ce n’est pas non plus une insulte du capitaine Archibald Haddock, bien que ce mot pût figurer en bonne place dans le jargon du célèbre personnage des aventures de Tintin.
βουστροφηδόν boustrophêdón, vient de βοῦς boũs « bœuf » et στροφή strophế « action de tourner » et désigne, par l’évocation du bœuf qui se retourne en fin de rang pour labourer le suivant, une écriture qui change de sens à chaque ligne. Ainsi, certaines formes anciennes de grec, de phénicien et des langues liturgiques orthodoxes se lisent alternativement de gauche à droite puis de droite à gauche. Le dessin des lettres s’inverse généralement à chaque ligne. D’autres formes, comme la langue ancienne de Rapanui, sont écrites de façon à ce que chaque ligne se lise en retournant le support. On parle alors de « boustrophédon inversé ».
Le « boustrophédon » au figuré
Par analogie, « en boustrophédon » désigne parfois la démarche d’un individu qui arpente une aire à la manière du bœuf labourant, zigzagant d’un bord à l’autre.
« […] partant d’un mur il visait un angle et marchant ainsi parallèlement à la sortie atteignait l’autre mur, là donnait un coup supplémentaire et repartait en boustrophédon. » Queneau, Les Enfants du limon, 1938, p. 194.
Visuel : Rosa Bonheur, Labourage nivernais, le sombrage, 1849 (Rosa Bonheur [CC BY-SA 4.0], via Wikimedia Commons)